La bibliothèque municipale de Rennes
Extrait de Patrimoine des bibliothèques de France, volume 8, 1995
Mitoyenne d'un bâtiment construit au XIXe siècle par l'architecte Henri Labrouste pour abriter le grand séminaire - en conséquence de la loi de séparation des Églises et de l'État, celui-ci laissa place à l'université -, la bibliothèque de Rennes, construite en 1910, se situe dans un quartier de tradition estudiantine.
Longtemps associée à la bibliothèque universitaire, elle a gardé de cette histoire commune une empreinte académique. Le bâtiment, ordonné en quadrilatère autour d'une cour-jardin, traduit la conception classique d'une bibliothèque, faite de discrétion et de sobriété. L'installation actuelle date des années 1960 et marque une étape dans l'histoire de la bibliothèque, construite en plusieurs séquences topographiques et temporelles. En effet, le noyau constitutif, la bibliothèque des avocats au parlement de Bretagne créée en 1733, fut d'abord hébergé dans un appartement loué par le bibliothécaire, puis, à partir de 1759, installé à l'étage supérieur du présidial - devenu hôtel de ville - construit par l'architecte Gabriel. C'est là que furent réunis les dépôts littéraires et organisée la bibliothèque publique de la ville, après quelques pérégrinations des collections d'églises en abbayes, de celles-ci au palais épiscopal, puis du muséum au présidial. Dans l'organisation des dépôts littéraires, il ne faut pas négliger les problèmes matériels, sources d'entrave à la mise en ordre et à l'exploitation des collections. Pour illustrer cette situation, il suffit de rappeler qu'en 1794, la bibliothèque est placée dans l'église du couvent de la Visitation où l'on établit bientôt un hôpital : "Les malades étaient couchés au milieu des livres, dont les chirurgiens coupaient circulairement les pages pour faire des emplâtres." Les collections sont ensuite fréquemment déplacées, "sans aucun ménagement, dans des sacs et dans des mauvaises charrettes. [...] on mettait sur chaque sac une cédule qui indiquait à quelle bibliothèque appartenaient les livres qu'il contenait ; mais souvent les cédules se perdaient et la confusion augmentait."
En 1806, dans un rapport au conseil municipal, le Père Mainguy, le premier "conservateur de la Bibliothèque de la ville", décrit les cinq salles dans lesquelles les livres ont été réparties : "Les dépôts littéraires de la ville de Rennes sont renfermés dans trois grandes salles, dont la plus vaste a vingt-un mètres, un décimètre de longueur, sur sept mètres, neuf décimètres de largeur. Deux autres appartements d'une certaine étendue y sont adjoints, le tout de plain-pied. Ces cinq salles peuvent contenir et contiennent effectivement une très grande quantité de livres." La première salle, la plus grande, seule salle ouverte au public d'après de le règlement de la bibliothèque, renferme près de 8.000 volumes, traitant d'histoire et de théologie. La deuxième, consacrée aux belles-lettres, sciences et arts, contient 5.714 volumes. La troisième est occupée par 3.674 volumes de jurisprudence. On trouve dans la quatrième 2.318 volumes sur la "polygraphie", et enfin dans la cinquième, 3.730 volumes sur la "philologie monographique et polygraphique".
Dans un rapport daté du 21 mai 1840, l'inspecteur des bibliothèques, Félix Ravaisson, écrit : "La bibliothèque de la ville de Rennes est l'une des plus complètes et la mieux ordonnée que j'ai encore vues [...]. C'est une collection bien distribuée de près de 55.000 volumes, classés régulièrement."
Sous l'impulsion des bibliothécaires qui se succédèrent tout au long du XIXe siècle, les collections prirent de l'ampleur et leur extension fit poser la question d'un nouvel aménagement. Dès 1903, le conseil municipal se pencha sur des lieux tels que le Champ de Mars et la Contour de la Motte. En 1907, à l'occasion de la fête de la mi-carême organisée par les étudiants, une supplique fut adressée au maire afin de créer une nouvelle bibliothèque englobant bibliothèque universitaire et bibliothèque municipale. La confiscation du bâtiment du grand séminaire en 1905 donnera l'occasion de réunir, sans les confondre, les deux bibliothèques. L'installation rue de La Borderie, du nom de l'un des grands historiens bretons de la fin du XIXe siècle, va ainsi marquer un nouvel ancrage dans la ville. Retrouvant son autonomie administrative en 1960, bénéficiant d'un nouveau bâtiment, la bibliothèque va progressivement s'ouvrir socialement, passant d'une tradition patrimoniale à une logique de prestation de service.
L'histoire des collections rennaises n'échappe pas à celle des confiscations : biens du clergé et des congrégations religieuses, collections particulières, biens d'émigrés dont la bibliothèque du marquis de Robien, bibliothèques de corporations dont celle des avocats au parlement de Bretagne. La bibliothèque des avocats de Rennes ne comptait en l'an II, que 7.395 volumes. Devenue à cette époque bibliothèque publique, et remise ensuite à l'administration municipale, en exécution du décret du 8 pluviôse an II (27 janvier 1794), on s'occupa d'en faire un établissement digne d'une ville d'études et de la capitale de la Bretagne, et l'on y réunit une quantité considérable de livres, provenant des dépôts publics et des maisons religieuses supprimées.
De toutes les communautés, c'est la bibliothèque du couvent des Capucins qui représente le plus d'intérêt car ce couvent avait hérité de la bibliothèque de Bertrand d'Argentré, sénéchal de Rennes, qui était riche du Recueil de romans de la Table ronde, "un des plus anciens, sinon le plus ancien des manuscrits enluminés qui nous restent du cycle de Lancelot en prose".
Au cours du XXe siècle, des accessions importantes sont à signaler. En 1901, après la mort d'Arthur de La Borderie, historien, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, environ 14.000 de ses livres furent donnés à la bibliothèque : ouvrages de toute sorte, sciences exceptées. En 1915, ont été acquis 4.500 volumes provenant de Raoul Guérin de La Grasserie, ancien magistrat : ouvrages de droit, de sociologie et principalement de linguistique.
D'autres fonds moins importants ont été donnés ou acquis au XIXe et au XXe siècle ; en 1857, Saulnier, magistrat (histoire de France, 1848-1851) ; du même, en 1919 (critique littéraire du XIXe siècle et dossiers généalogiques de 882 familles bretonnes, principalement de parlementaires) ; en 1882, Émile de La Bigne-Villeneuve, ancien bibliothécaire (linguistique) ; en 1906, Decombe, conservateur du musée archéologique de Rennes (littérature, histoire et géographie, principalement locales) ; en 1907, Villiers du Terrage, inspecteur général des Ponts et Chaussées (art de l'ingénieur, XIXe siècle) ; en 1911 et 1925, Hippolyte Lucas, littérateur (littérature XIXe siècle, manuscrits et recueils de lettres autographes de célébrités littéraires du XIXe siècle) ; en 1914, Ernest Hervé, de Morlaix (histoire naturelle, entomologie) ; en 1921, l'amiral de Cuverville (géographie, sciences, art naval).
Une mention spéciale doit être faite du fonds scientifique. À côté des livres religieux, juridiques ou historiques qui constituent l'écrasante majorité des fonds de la bibliothèque, les ouvrages scientifiques, trop longtemps ignorés, méritent à bien des égards d'être redécouverts. Des premières traductions d'Hippocrate et d'Euclide jusqu'au découvertes contemporaines (Einstein, Planck, Curie), les livres rassemblés constituent la mémoire de l'aventure intellectuelle de notre société.
La naissance et le développement de l'activité scientifique avec ses hésitations, ses impasses, ses intuitions brillantes et ses exposés théoriques, sont présents non seulement dans leur contexte historique mais encore dans leur environnement culturel, économique et institutionnel. Les premières impressions françaises d'Euclide (1516) et les travaux de l'école d'Alexandrie représentée par Archimède, Apollonius, Héron et Pappus marquent le siècle des grandes traductions et le développement autonome de l'arithmétique et de l'algèbre par rapport à la géométrie. Cardan (1580) et Kepler (1618) annoncent la génération des grands hommes de science, et surtout la mathématisation de la science, alors que les ouvrages de Napier (1624), Girard (1629), Pascal (1658), Fermat (1670) fondent la géométrie analytique, la théorie des équations, le calcul des probabilités, les tables de logarithmes. Grâce au Père Jésuite Jean François, Rennes participe à la diffusion du savoir scientifique (Éléments des sciences et des arts mathématiques pour servir d'introduction à la cosmographie et à la géographie, 1650).
Les confiscations révolutionnaires opérées dans les bibliothèques du président de Robien et des grands Carmes, les donations effectuées par différents professeurs de l'école de médecine (Poirier, Berhn, Duval, Aussant), par des universitaires membres ou correspondants de l'Institut (Dujardin, Durocher, Malaguti, Duhamel, Bertrand), par d'anciens polytechniciens (Ravenel du Boisteilleul) ainsi que les achats récents d'archives particulières (Bachelot de La Pylaie) composent un fonds toujours à redécouvrir).
Les périodes récentes ont vu l'entrée de la bibliothèque de Paul Féval (manuscrits de certaines œuvres et différentes éditions de Paul Féval père et fils), du fonds Ollivier (essentiellement copies de manuscrits de chansons bretonnes), de la collection d'almanachs de l'imprimerie Oberthur, de documents émanant des bibliothèques des professeurs Lanchou (thèses de médecine intéressant la Bretagne), Roux (collections d'intérêt général) et Vier (histoire littéraire), d'un choix d'ouvrages en langue bretonne et de la donation Henri pollès (littérature).
Parallèlement, les acquisitions patrimoniales des dix dernières années ont été particulièrement remarquables. Cela est dû à la conjonction de différents facteurs : la présence fortuite sur le marché de pièces intéressant la Bretagne, la quête inlassable d'un universitaire allemand, spécialiste de l'histoire de l'art et du Moyen Âge breton, et l'apport financier conjugué de l'État et des collectivités locales grâce notamment à la création du fonds régional d'acquisition des bibliothèques.
L'achat, en 1985, de la première partie du livre d'heures de Françoise de Dinan sera suivi de nombreux autres enrichissements, témoins de piété et de dévotion. Datant du XVe siècle, ces manuscrits, éclatants de lumière, riches de création picturales et d'appartenance patrimoniale, apportent par l'examen de leurs possessions et de leurs caractéristiques stylistiques, un éclairage sur les relations d'influences artistiques et les courants d'échanges commerciaux qui ont traversé la Bretagne à cette époque. L'attention s'est aussi portée sur les impressions bretonnes, notamment incunables, les ouvrages de bibliophilie et les livres d'artistes poursuivant une tradition établie, alliée à l'organisation du dépôt légal imprimeur, de faire de la bibliothèque un conservatoire de la production imprimée. C'est également ce souci de traduction identitaire et de représentation culturelle qui est à l'origine de la création d'un fonds de conservation sonore qui mêle les enregistrements de musique traditionnelle aux représentations rock du festival des Transmusicales.
Marie-Thérèse Pouillias et Joseph Pennec
Un nouveau bâtiment pour le XXIe siècle
Dans le bâtiment, situé 1 rue de La Borderie, la Bibliothèque dispose de peu d'espace pour permettre l'accès aux collections patrimoniales. Cette situation lui est préjudiciable car le manque de visibilité semblerait croire qu'elle ne s'attache pas au développement du patrimoine régional et à sa valorisation. La construction d'un nouveau bâtiment où la Bibliothèque se trouve associée au musée de Bretagne et à l'Espace des sciences - Centre de culture scientifique, technique et industrielle -, va dissiper cette impression. En effet, le projet architectural, dû au talent de Christian de Portzamparc, lui confère une surface qui va lui permettre d'offrir à tous ceux qui partagent pour la Bretagne autant d'intérêt que de passion, des moyens de référence à des fins de consultation et de recherche.
Afin de préparer cette mutation, la Bibliothèque s'engage avec d'autres bibliothèques-partenaires dans la constitution de catalogue collectif et la définition de bibliothèque virtuelle afin de mettre le développement technologique au service du rayonnement de la culture bretonne et de l'identité régionale.
Bibliographie
D. Maillet, Origines de la Bibliothèque de Rennes, Rennes, Vatar, 1845.
X. Ferrieu, "La Constitution des fonds de la Bibliothèque municipale de Rennes", dans Charpiana : Mélanges offerts par ses amis à Jacques Charpy, 1991.
Père Jean Toravel, "Félix-Alexis Mainguy (1747-1818), dominicain, premier bibliothécaire de la ville de Rennes", Bulletin et mémoire de la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine, t. LXXVIII, 1974.
Christophe-Paul de Robien, 1698-1856
En 1698, le 4 novembre, naît au château de Robien, près de Quintin (Côtes d'Armor), Christophe-Paul de Robien, fils de Paul, conseiller au parlement de Bretagne et Thérèse-Olive du Louët. En 1706, Paul de Robien devient président à mortier (président de chambre). Son fils est reçu conseiller au parlement de Bretagne en 1720 et président à son tour en 1724. En 1731, naît son fils Paul-Christophe, qui sera, à son tour, conseiller puis président à mortier. Ainsi la famille de Robien appartient-elle par toutes ses fibres à la caste parlementaire et, à l'intérieur de celle-ci, au plan des présidents à mortier. Robien se classe parmi les six familles qui remontent au-delà du XIVe siècle, alliées aux souverains de Bretagne. La fortune des Robien est fort estimable et les prédispose à commander la vie publique de la province. Attachés à celle-ci, car soucieux de leurs privilèges, les parlementaires sont avant tout des provinciaux, curieux d'histoire et d'archéologie. Dans cette lignée, Christophe-Paul de Robien consacre l'ensemble de ses travaux à l'histoire de la Bretagne. Son manuscrit, "Description historique, topographique et naturelle de la Bretagne", demeure l'une des pièces les plus précieuses des collections rennaises. Il aurait souhaité créer une académie mais l'autorisation lui sera refusée par les ministres de Louis XV en raison des méfiances suscitées par la conspiration de Cellamare dans laquelle fut impliqué le marquis de Pontcallec, en 1720. Alors qu'il travaille à ses recherches sur la Bretagne, il constitue dans son hôtel de Rennes un cabinet d'archéologie et d'histoire naturelle et une bibliothèque.
À partir de 1749, Christophe-Paul de Robien rédige, comme tout collectionneur érudit, le catalogue de ses collections et notamment de sa bibliothèque. À sa mort, en 1756, elles deviennent la propriété de son fils aîné, Paul-Christophe, qui poursuit leur enrichissement. Celui-ci émigre en 1791, et ses biens sont "placés sous la main de la nation" en 1792. L'inventaire en est dressé du 23 messidor au 12 thermidor an II : 4.308 volumes furent recensés. Il s'agit d'une collection véritablement encyclopédique, représentative de la culture et de la curiosité du XVIII siècle.
On y trouve, d'abord, 135 manuscrits religieux : bibles du Moyen Âge, telle cette "bible très ancienne en latin, si gothique et si menue qu'elle est presque illisible", bréviaires, livres d'heures enluminés. Mais aussi le célèbre Roman de la Rose du XIVe siècle, des manuscrits en langues étrangères dont un "morceau précieux en langue irlandaise, on le croit d'onze cents, il contient des fragments de piété et de morale, soit en prose, soir en vers...", un petit dictionnaire arabe sur papier gommé, "le coran écrit en arabe sur papier gommé et très lisse de la Chine avec un couvercle à la mode de la Chine sur lequel même sont tracés des caractères arabes", "un cahier formé de papier de soye sur lequel il y a des caractères chinois". On peut y ajouter un traité de cavalerie, un armorial colorié, un recueil de chansons et de vaudevilles "pour servir à l'histoire", le "journal des funérailles de la duchesse de Bretagne, sur vélin, écriture gothique", les registres secrets du parlement de Bretagne, en 38 volumes in-folio, copiés pour Robien, et plusieurs "manuscrits différents très peu utiles, de différents formats...".
On ne peut donner qu'un aperçu des volumes contenus dans cette liste qui englobe les quelques livres acquis pour son fils. La théologie et les ouvrages religieux sont bien représentés, comme dans toute bibliothèque du XVIIIe siècle : bibles du XVIIe siècle, en latin et en hébreu, des catéchismes, des recueils de psaumes, dont un Psalterium arabicum de 1614, des offices, des règles monastiques, des traités des sacrements, des ouvrages d'histoire religieuse. Mais l'actualité n'est pas absente : conférences ecclésiastiques, mandements épiscopaux, décrétales, ouvrages contre les jésuites et, bien entendu, les sermons de Bourdaloue, les œuvres de Bossuet et de Fléchier. Le magistrat qu'était le président de Robien possédait de nombreux ouvrages de droit et de jurisprudence : recueils d'arrêts des parlements, codes divers, coutumes, recueils d'édits royaux, œuvres d'Argentré, d'Hévin, de La Bigotière de Perchambault.
Les belles-lettres sont représentées par une grammaire et un dictionnaire français-breton, une "méthode pour apprendre facilement la langue grecque", les classiques grecs et latins, les œuvres de Racine, Corneille, Molière, Boileau, Fontenelle, Voltaire, du théâtre italien.
Les ouvrages scientifiques sont fort variés : mémoires de mathématiques et de physique, histoire naturelle, médecine, anatomie, agriculture, géographie, minéralogie, cosmographie et astronomie, jardinage, mais aussi un traité des feux d'artifice, les secrets du petit Albert (magie), des règles de jeux : échecs, billard, psaume, mail, et des traités de cuisine...
Quelques ouvrages sur les beaux-arts : explication des peintures de l'Académie, fouilles d'Herculanum, recueils d'opéras et de ballets, d'opéras-comiques. Viennent enfin l'histoire et ses sciences auxiliaires : histoire de pays, de provinces, de villes, biographie, relations d'ambassades et de voyages, histoire et chroniques de Bretagne, généalogies, traités d'héraldique. C'est, en résumé, une riche bibliothèque éclectique, où tous les sujets sont représentés, qui est aujourd'hui conservée à la bibliothèque de Rennes.
Xavier Ferrieu
Le musée du Livre et des Lettres Henri Pollès
C'est un pavillon de la banlieue parisienne. Il en possède le charme désuet avec son jardin à l'abandon. De l'extérieur, on ne suppose pas qu'il contienne un vrai musée de la littérature. Henri Pollès, auteur notamment de "Sur le fleuve de sang vient parfois un beau navire", a conçu de façon toute personnelle sa demeure pour exhiber sa passion de la littérature. Sa tentative, un peu folle, consiste à visualiser une histoire subjective de l'histoire littéraire. Il fait visiter avec humour et passion les trois étages de sa maison qui se place entre le cabinet de curiosités et le Merzbaum.
De la salle de bains à la cuisine en passant par l'escalier, chaque pièce est occupée par des livres ; ils sont classés selon des sections courantes (la gastronomie, les livres pour enfants, le romantisme...) mais d'autres sont des créations de l'écrivain : les morts prématurés, la chambre érotico-religieuse ; certains sujets bénéficient d'une sorte de reposoir, témoignage de l'admiration d'Henri Pollès, tel celui consacré à Mme de Staël, aux Pathétiques ou à Jean Giono. Sur chacun de ces thèmes, l'écrivain réunit les ouvrages s'y rapportant et tous les éléments visuels qui puevent lui être liés : manuscrits, objets, illustrations. L'impression qui se dégage de cet ensemble sans équivalent est curieuse ; l'esprit est enchanté de l'originalité avec laquelle certaines pièces sont réunies tout en étant désorienté par l'hétérogénéité de l'ensemble et par son goût excessif pour l'anecdote.
Philippe Arbaizar (Histoire des bibliothèques françaises, T. IV)
Cette maison-bibliothèque, ainsi décrite par Philippe Arbaizar, "hante" les esprits rennais depuis qu'Henri Pollès a confié à leur bibliothèque son rêve du musée du livre et des lettres. Cette description appartient désormais au passé, mais elle va servir de trame à la présentation de ces textes, images et objets, reflet d'une manie de collectionneur, et de son éclectisme.
Marie-Thérèse Pouillias