
Histoire et chiffres
La naissance de la Bibliothèque
Une histoire plus que centenaire
Installée désormais dans l'équipement culturel Les Champs Libres, la Bibliothèque a déménagé ses collections à plusieurs reprises depuis sa création.
Un héritage de la Révolution
La Bibliothèque d'aujourd'hui trouve son origine dans la constitution de la bibliothèque des avocats au Parlement de Bretagne, en 1733.
D'abord hébergée dans un simple appartement, elle est installée en 1759 au premier étage du présidial, l'aile nord de l'actuel hôtel de ville de Rennes.
Saisie en 1794 par l'administration révolutionnaire, elle reste dans les mêmes locaux pour devenir un « dépôt littéraire », regroupement des collections confisquées mises à la disposition du public. En 1803, un arrêté préfectoral confie à la ville de Rennes le soin de conserver celles-ci : la Bibliothèque municipale est officiellement née.
La tradition universitaire
Tout au long du 19e siècle, les acquisitions vont se poursuivre selon un rythme soutenu. En 1903, l'idée de déménager la Bibliothèque, à l'étroit dans l'hôtel de ville, est évoquée par le conseil municipal. En 1910, la Bibliothèque municipale s'installe avec la bibliothèque universitaire place Hoche, après la confiscation des locaux du grand séminaire, en 1905.
Si la salle de lecture demeure commune aux deux institutions, ces dernières conservent cependant leurs propres magasins, fonds et catalogues. Le même conservateur assurera la direction de la Bibliothèque municipale jusqu'en 1960, date à laquelle celle-ci rejoindra un bâtiment mitoyen, rue de La Borderie.
De La Borderie aux Champs Libres
Après un siècle passé au cœur d'un quartier de tradition estudiantine, la Bibliothèque a intégré l'équipement culturel des Champs Libres, en 2005, afin de lui permettre de mettre en œuvre son programme scientifique et culturel.
Entre temps, la Bibliothèque centrale est devenue la Bibliothèque de l'agglomération de Rennes Métropole, le 1er janvier 2002. Entre l'ancien bâtiment, ordonné en quadrilatère autour d'une cour-jardin, et le nouveau, œuvre audacieuse de l'architecte Christian de Portzamparc, on peut relever le même souci, à des époques différentes, d'une organisation fonctionnelle des collections et d'une rationalisation des espaces.
Aujourd'hui, la nouvelle Bibliothèque déploie ses collections, organisées selon une philosophie thématique intégrant le multimédia, en prenant appui sur la structure architecturale du bâtiment. La Bibliothèque inaugure ainsi une nouvelle étape de son histoire.
L'histoire des collections
Depuis le XVIIIe siècle, les collections de la Bibliothèque de Rennes se sont enrichies au gré des confiscations, notamment religieuses, des donations privées et des acquisitions publiques.
Les confiscations de la Révolution
Devenue « dépôt littéraire » en 1794, la future Bibliothèque de Rennes compte alors le fonds de la bibliothèque des avocats au Parlement de Bretagne, auquel s'ajoutent les 7 500 volumes des autres dépôts de la ville, issus majoritairement des saisies des bibliothèques des congrégations religieuses rennaises (bénédictins, carmes, dominicains, franciscains...) et celles des biens de nobles émigrés, dont le président Paul-Christophe de Robien.
À titre d'exemple, c'est de la très riche bibliothèque du Couvent des capucins que provient le Recueil des romans de la table ronde, l'un des plus anciens manuscrits enluminés du Moyen Age.
La tâche des premiers bibliothécaires consistera à classer les 30 000 volumes hérités de la Révolution, en veillant à enrichir le fonds breton à partir de 1840. En 1905, la loi de séparation des églises et de l'État apporta, elle aussi, de nombreux ouvrages confisqués.
L'importance des donations
Au cours des XIXe et XXe siècles, les collections de la Bibliothèque se sont considérablement développées, notamment grâce au soutien posthume de nombreux collectionneurs érudits, amoureux des sciences et des belles-lettres. Parmi les legs importants, citons ceux de l'historien Arthur de La Borderie (14 000 livres en 1901) et du magistrat Raoul Guérin (4 500 volumes en 1915).
Si les livres religieux, juridiques ou historiques constituent alors l'écrasante majorité des fonds, les ouvrages scientifiques figurent également en bonne place, grâce aux donations effectuées par des professeurs de médecine, des universitaires et d'anciens polytechniciens.
Les périodes récentes ont vu l'entrée de nouvelles collections, dont celle du romancier Paul Féval et de l'écrivain bibliophile Henri Pollès.
Une politique d'acquisition active
Depuis une vingtaine d'années, les acquisitions patrimoniales ont été particulièrement remarquables grâce, notamment, à l'apport financier conjugué de l'État et des collectivités locales réunies au sein du fonds régional d'acquisition des bibliothèques.
En 1985, l'achat de la première partie du précieux livre d'heures de Françoise de Dinan a précédé ceux d'autres manuscrits de grande valeur patrimoniale. Aujourd'hui, les collections d'imprimés couvrent toutes les disciplines et tous les supports. Particulièrement vaste, le fonds régional bénéficie du dépôt légal d'imprimeur géré par la Bibliothèque depuis 1943.
Christophe-Paul de Robien
1698-1756
L'homme à l'origine des collections
Né en 1698, à Robien, près de Quintin (Côtes-d'Armor), Christophe-Paul de Robien est issu d'une riche famille de parlementaires bretons, conseillers et présidents à mortier de père en fils. Soucieux de ses privilèges, le magistrat a toujours témoigné de son vif attachement à sa province.
Parallèlement à ses travaux sur l'histoire de la Bretagne, il s'est constitué peu à peu un cabinet d'archéologie et d'histoire naturelle, ainsi qu'une vaste bibliothèque. A sa mort, ses collections deviennent la propriété de son fils qui poursuit leur enrichissement. Elles furent ensuite confisquées par l'administration révolutionnaire, en 1792.
Une bibliothèque encyclopédique
Il est malaisé de dresser l'inventaire des collections de Robien tant celles-ci s'illustrent par leur grand nombre et leur diversité. Parmi celles-ci figurent des manuscrits religieux (bibles médiévales, livres d'heures enluminés, recueils de psaumes) et profanes tel un exemplaire du célèbre roman de la rose, des imprimés en langue étrangère (arabe, chinois).
Outre de nombreux ouvrages de droit et de jurisprudence (recueils d'arrêts, codes.....), le fonds compte quelques grands classiques grecs et latins, ainsi que des ouvrages relatifs aux sciences et aux beaux-arts.
Riches et diversifiées, les collections de Robien abordent tous les sujets. Conservées aujourd'hui à la Bibliothèque, elles constituent un fonds documentaire d'une précieuse valeur patrimoniale.
Magistrat et collectionneur
Éléments biographiques rédigés par Xavier Ferrieu et publiés dans Patrimoine des bibliothèques de France, volume 8, 1995.
La bibliothèque municipale de Rennes
Extrait de Patrimoine des bibliothèques de France, volume 8, 1995