
Quatre pièces pour un musée
Le bureau romantique

Cette petite pièce, située au premier étage, est consacrée à l'époque romantique, période qu'Henri Pollès affectionne particulièrement. Pour la décorer, il fait réaliser un ensemble de bibliothèques de style "cathédrale" en citronnier et acquiert un grand fauteuil victorien et des sièges "gothiques". Il garnit les étagères d'éditions originales et de textes illustrés par la lithographie ou la gravure sur bois.
Les ouvrages sont souvent reliés en veau ou en percaline par l'éditeur et décorés à la plaque dans le style du Moyen Âge. De nombreux cadres dédiés aux grands écrivains romantiques complètent l'ensemble, de même qu'une foule de petits objets de bureau et de vitrine, ainsi que des boîtes de documentation, décorées par Henri Pollès de portraits découpés dans les journaux, de gravures diverses et d'autographes.

La chambre 1900

Cette chambre, qui jouxte le bureau romantique, est consacrée à la Belle Époque, une des périodes privilégiées par Henri Pollès. Pour la décorer, il fait réaliser un ensemble inspiré du style "nouille" qui couvre de ses arabesques la presque totalité de la pièce. Il se compose d'un lit orné de son monogramme HP, sur lequel veillent deux bustes de femmes. Derrière ce lit, une bibliothèque ornée de femmes-lianes, portant Poésie en fronton, occupe tout le mur. Elle se prolonge sur la droite par une autre bibliothèque avec l'inscription Poètes.
En face, une grande bibliothèque, la Pollèsthèque, marquée aussi du monogramme HP, abrite les manuscrits des œuvres d'Henri Pollès, enfermées dans des chemises-étuis décorées suivant les maquettes très personnelles de l'écrivain, ou dans des chemises constituées de plats de reliures désossées. Une coiffeuse en fer forgé finit de meubler la chambre, dont la fenêtre est ornée de vitraux.
Cette pièce réunit un ensemble considérable de documents sur la période 1880-1914 : éditions originales, reliures Art nouveau (dont plusieurs réalisations d'Henri Dézé), gravures et autographes, ainsi que des faïences, des bronzes, des tissus et des bibelots en tout genre. Il s'y ajoute une collection de tableaux faits à partir des matières les plus diverses : cheveux, cire, ailes de papillon...

La salle de bain

Au sous-sol se trouve la salle de bain. Henri Pollès la consacre aux Années folles. Au-dessus de la baignoire, il présente des couvertures illustrées de romans populaires. Une grande bibliothèque perpendiculaire, portant la date 1920 en fronton, abrite des éditions originales de l'entre-deux-guerres, des reliures et des chemises-étuis décorées, ainsi que des cadres et des bibelots.

L'escalier

L'escalier de la maison de Brunoy est garni sur toute sa longueur de petites bibliothèques ne laissant plus qu'un étroit passage au visiteur. Chacune de ces bibliothèques est consacrée à un pays, faisant de l'ascension des deux étages un véritable parcours du monde qui n’est pas sans rappeler l'organisation de certains cabinets de curiosité et la succession des fabriques de différents pays dans les jardins d'illusion du XVIIIe siècle.
On remarque particulièrement la bibliothèque américaine en forme de gratte-ciel, faite de caisses tapissées de magazines que coiffe une boîte de conserve de jus de tomate, d'où sort la bannière étoilée. À ces bibliothèques reposant sur les marches des escaliers, s'ajoutent de petites bibliothèques fixées aux murs comme les stations d'un chemin de croix. La bibliothèque à vitraux est consacrée à Jouhandeau, une autre est dédiée aux Jeunes morts haïs des dieux, (les écrivains morts prématurément).
La Rilkothèque contient les ouvrages de Rainer Maria Rilke et la Gionothèque ceux de Giono. La bibliothèque géographique, située primitivement dans la chambre de Madame, au second étage, est entièrement tapissée de cartes, et dédiée aux voyages. Cette reconstitution est faite à partir d'éléments originaux, mais qui pour des raisons de place ne sont pas tous dans leur disposition initiale.
Les petites bibliothèques du musée

La vélothèque
En haut de l'escalier trône la vélothèque, montage surréaliste imaginé par Henri Pollès. Elle est constituée de différents objets de récupération soudés entre eux, parmi lesquels des éléments vélocipédiques, un pavillon de phonographe, une machine à coudre et un parapluie. Ces deux derniers éléments font allusion à la célèbre formule de Lautréamont, tant prisée par les surréalistes : "beau comme la rencontre fortuite, sur une table de dissection, d'une machine à coudre et d'un parapluie".
Cette structure est destinée à recevoir les ouvrages sur le vélo, qui est le moyen habituel de locomotion d'Henri Pollès, ainsi que les ouvrages des surréalistes et des fous littéraires. La liaison entre les deux thèmes passe par Alfred Jarry auquel une boîte est consacrée et qui est une autre figure emblématique des surréalistes et un fervent adepte de la petite reine.
L'homme debout
Dans le vestibule d'entrée de la maison de Brunoy, le visiteur est accueilli par un étrange robot habillé de plats de reliures. C’est en fait une bibliothèque conçue par Henri Pollès pour recevoir les ouvrages d'utopie et d'anticipation.


La bibliothèque russe
La bibliothèque russe, placée à l'origine dans l'escalier, à la forme d'une isba faite en rondins. Elle abrite une partie des ouvrages d'Henri Pollès sur la Russie. Celui-ci s’est intéressé durant plusieurs années aux rapports entre l'Est et l'Ouest, entre communisme et capitalisme, ce qui lui a fourni la matière de plusieurs ouvrages (Psychanalyse du communisme, 1949, Les drapeaux habillent mal, 1962).
Le mur de reliures
Une des mansardes de la maison, décorée dans le goût chinois, abrite une remarquable collection d'ouvrages reliés de petits formats, du XVIIIe au XXe siècle. Henri Pollès a fait peindre les rebords des étagères en noir, avec incrustations de nacre en trompe-l'oeil. Il les a garnies de textes littéraires et de raretés bibliophiliques. De nombreux petits cadres dédiés à des écrivains complètent le décor. Seul un des murs de livres a été reconstitué, gardé par un mannequin revêtu d'une robe chinoise.
