Henri Pollès (1909-1994)

Biographie
1909 : Naissance à Tréguier, fils d’un capitaine au long cours
1919 : Installation de sa famille à Nantes après avoir suivi les embarquements militaires de son père
1925 : Baccalauréat. Monte ensuite à Paris étudier la philosophie.
1932 : Publication de Sophie de Tréguier. Prix Populiste en 1933.
1934 à 1994 : Publication de nombreux articles et ouvrages.
1945 / 1963 /1964 : Sélectionné au prix Goncourt
1982 : Prix Paul-Morand de l’Académie française et Grand prix du roman des Écrivains de l’Ouest pour Sur le fleuve de sang vient parfois un beau navire : Tréguier 14-18.
1984 : Début du versement de sa collection à la bibliothèque de Rennes
1986 : Publie son dernier ouvrage Lettres à ma morte
1994 : Décès à Brunoy. Versement de la fin de sa collection.
Henri Pollès, l'écrivain
Dès l’âge de dix ans, il commence à écrire des poèmes qui formeront Le mireur de Dieu. Bachelier en 1925 à Nantes, il poursuit à Paris des études de philosophie, obtient sa licence et prépare l’agrégation.
Son premier roman, Sophie de Tréguier, unanimement salué par la critique, reçoit en 1933 le prix Populiste, distançant Voyage au bout de la nuitde Louis-Ferdinand Céline. Un séjour en sanatorium lui inspire en 1934 Les paralytiques volent. À cette époque, Pollès s’engage dans le débat politique et le journalisme en collaborant à Giustizia e Libertà, et fait un reportage pour le magazine Vendredi – dont son ami Jean Guéhenno est un des fondateurs – sur la guerre civile en Espagne ; il rencontre André Malraux à cette occasion. En 1937, il fait paraître un pamphlet contre le fascisme, L’opéra politique. Pendant la guerre, il contribue au journal collaborationniste La Bretagne, par des éditoriaux et des articles.
Mais la profession d’écrivain ou de « professeur des perceptions enchantées » ne permet pas de vivre : il relate sa dure expérience d’homme de lettres dans les années 1930 dans Les gueux de l’élite qui brosse un tableau de la crise économique et des chômeurs intellectuels. En 1956, il raconte à nouveau dans son savoureux Journal d’un raté tous les refus qu’il essuya de ses éditeurs. Il manque à deux reprises le prix Goncourt, en 1945, avec Toute guerre se fait la nuit et en 1964 avec Le fils de l’auteur. En 1983, Sur le fleuve tranquille vient parfois un beau navire lui vaut le prix Paul-Morand de l’Académie française et le grand prix des Écrivains de l’Ouest.

Bibliographie
Ouvrages
1932 Sophie de Tréguier : mœurs de village. Paris, Gallimard, 246 p.
Nelle éd. entièrement refondue : Paris, Julliard, l'Âge d'homme, 1983, 240 p.
Réédition : Paris, France-Loisirs, 1984.
Réédition dans Gens de Bretagne, Paris, Omnibus, 1994, p. 583-839
1934 L'Ange de chair. Paris, Gallimard, 254 p.
Les Paralytiques volent : féérie. Paris, Coréa, 250 p.
1935 Les Gueux de l'Élite. Paris, Gallimard, 253 p.
1937 L'Opéra politique. Paris, Gallimard, 253 p.
1939 Toute guerre se fait la nuit : roman. Paris, Gallimard, 355 p.
1949 Psychanalyse du communisme. Paris, H. Lefebvre, 576 p.
1953 Journal d'un homme heureux. Paris, Gallimard, 364 p.
1956 Journal d'un raté. Paris, Gallimard, 360 p.
1959 Prenez garde à la conscience ou les médecins ne meurent pas mieux. Paris, Gallimard, 324 p.
1962 Amour ma douce mort ou une veuve pas si moderne. Paris, Gallimard, 266 p.
Les Drapeaux habillent mal ou les ismes et les hommes : roman infini. Paris, H. Lefebvre, 840 p. - Réédition : Paris, l'Age d'homme, 1982
1964 Le Fils de l'auteur. Paris, Gallimard, 292 p.
1982 Sur le fleuve de sang vient parfois un beau navire. Tréguier 14-18 : roman. Paris, Julliard, L'Age d'homme, 708 p.
1986 Lettre à ma morte. Paris, Albin Michel, 397 p.
Divers
Les Crimes qu'on pourrait faire : nouvelle inédite. « Les œuvres libres », n°191, mai 1937, p 185-216.
Les Gueux de l'esprit : reportage. « La Lumière », janvier-février 1938.
Parlez-nous d'amour, témoignages d'écrivains recueillis par Jeanne Cressanges. Paris, Flammarion, 1986, p. 93-100.
Le Petit garçon qui voulait tuer la mort : récit. « Le Trégor », 28 janvier - 21 octobre 1995.
Catalogues d'exposition
Henri Pollès a rédigé des textes pour les catalogues d'expositions réalisés par la Bibliothèque municipale de Rennes :
Le Romantisme breton, 1986.
Paul Féval, 1987.
Reliures de la donation Henri Pollès, 1988.
La Femme 1900, 1990.
Livres d'enfance, 1992.
Henri Pollès, le collectionneur
Enfant, il se découvre une passion de collectionneur, amassant timbres, cartes postales, programmes et même billets de tramways !
En 1940, lorsqu’il se réfugie à Nice, le négoce devient son second métier. Pour satisfaire à la fois sa passion naissante – et aussi pour vivre – il se fait courtier en livres, achetant, revendant, échangeant sans cesse, cherchant des livres rares pour des clients parfois illustres comme Max Jacob, Marcel Jouhandeau ou Jean Giono ; il se spécialise dans la recherche des ouvrages « dépareillés ».
« Franc tireur du petit commerce », il adore « toucher, palper, caresser les livres, ces véhicules de lumière, de conscience, d’enchantement » qu’il achète « jusqu’à son dernier billet, parfois jusqu’à son dernier ticket de métro ». Cette inclination pour les belles choses qu’il recherche pour leur beauté ou leur originalité se double ensuite du désir d’être entouré par elles, d’autant plus qu’une faiblesse physique lui interdit les longues stations debout propres aux musées, galeries ou librairies.
À partir de 1942, Henri Pollès revient à Paris et se retire dans sa maison de Brunoy, dans l’Essonne. Il se consacre alors à créer un « musée vivant du livre et des lettres ». Il a cherché longtemps un lieu qui accepterait d’abriter son rêve.
En 1983, il rencontre Edmond Hervé, maire de Rennes. Il propose de faire don de sa collection à Rennes. En échange, la ville s’engage à ouvrir un musée du Livre et des Lettres qui porte son nom ; il est réalisé en 2006 par Rennes Métropole. La collection comprend quelque 20 000 ouvrages, 2 000 dossiers documentaires et 10 000 objets.
"Quel plaisir d’admirer une belle reliure", écrit-il en 1986, "d’abord on la caresse des yeux et puis on ne résiste pas à caresser des doigts la peau et les ors".

Henri Pollès et la reliure
« Que j’aime, que j’aurai aimé les reliures ! », s’exclame Henri Pollès. Il chérit les reliures, en achète, en commande à des relieurs, à des doreurs, à des plasticiens. Ses reliures surprennent par leur originalité, la diversité de leurs matières, de leurs décors, de leurs styles, des reliures romantiques aux « tableaux sur cuir » de l’inventif Louis Dezé.
Il a une prédilection pour la Belle Époque et il invente la reliure panoramique, constituée de chemises-étuis : destinée à renfermer des dossiers toujours prêts à être enrichis ou des volumes brochés dans leur état d’origine, la reliure s’étend d’un dos d’étui à l’autre, et chaque étui constitue une pièce de puzzle de l’ensemble.
Il en confie la confection à des relieurs, auxquels il suggère la maquette.