
Le Cabinet de curiosités
La Bibliothèque présente un Cabinet de Curiosités tel qu'on les connaissait au XVIIIe siècle. Vous pouvez y découvrir oiseaux, reptiles et mammifères naturalisés ou en bocaux, éléments d'anatomie, poissons, insectes, ainsi que des fossiles, des minéraux, des coquillages et des coraux.
Cette mise en scène propose des petits tableaux, classant derrière chaque vitre du meuble les objets d'un savoir bien défini : minéralogie, objets scientifiques d'observation, zoologie, anatomie, ornithologie...
Exposition permanente - Pôle Sciences et Vie pratique (niveau 3). Entrée libre.

La réalisation de ce cabinet revient à Catherine Little, décoratrice, qui avait déjà travaillé sur l'aménagement du musée du Livre et des Lettres Henri Pollès.
Les objets présentés dans ce Cabinet proviennent en majorité du Musée de Zoologie de l'université de Rennes 1.
Le service médiation de la bibliothèque vous propose un petit jeu à compléter sur place.
Dans ce cabinet, 7 oiseaux, 8 animaux naturalisés ou en bocaux, 14 éléments d’anatomie, des objets scientifiques, 10 poissons, 30 insectes, ainsi que des fossiles, minéraux, coquillages et coraux !
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Qu'est-ce qu'un cabinet de curiosités ?
Ancêtres du Muséum d’histoire naturelle, les cabinets de curiosités désignent, du XVIe au XVIIIe siècle, des lieux dans lesquels on collectionne une multitude d’objets rares ou étranges représentant les trois règnes de la nature (mondes animal, végétal et minéral), ainsi que des objets créés par l’homme (œuvres d’art, instruments scientifiques, armes, etc.).
Ce sont des collections privées, rassemblées par des nobles comme Mazarin (cardinal et ministre de Louis XIV) ou des intellectuels comme Albertus Seba (apothicaire hollandais), motivés par la curiosité intellectuelle, l’esprit d'exploration, ou encore le désir d’étaler sa richesse et son érudition.
Jusqu’au XVIIe siècle, les hommes ont une représentation magique du monde : l’extraordinaire et le merveilleux sont la preuve de l’existence de Dieu, et les œuvres humaines (avec toute leur technique et leur ingéniosité) s’inscrivent dans la suite directe de l’œuvre de Dieu. Le but du cabinet est alors un projet encyclopédique, c’est-à-dire essayer de comprendre le monde à travers toute sa diversité et sa bizarrerie, en créant un microcosme de l’étrange.
Au XVIIIe siècle en revanche, les curieux tentent de trouver une utilité à leurs collections et les rationalisent, en font un objet pédagogique. Selon la définition de l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert, un cabinet est donc « un abrégé de la nature entière ».
Le curieux (c’est-à-dire le collectionneur) s’intéresse surtout à l’aspect esthétique ou insolite des objets, à tout ce qui sort de l’ordinaire pour un homme de cette époque.
On recherche en priorité des objets à caractère légendaire, surtout s’ils sont cités dans les textes de référence (auteurs anciens, Bible…), ou s’ils sont taxés de propriétés extraordinaires (la corne de licorne serait par exemple un antidote à tous les poisons).
On s'intéresse également aux objets qui viennent de loin, dans le temps ou dans l'espace : objets antiques, momies d'Égypte, papier de Chine, chaussures indiennes, etc.
On recherche les points de passage entre un règne et un autre (fascination pour le corail, dont on ne savait pas s’il était animal ou végétal et qui, une fois hors de l’eau, se pétrifiait et rentrait dans le règne du minéral).
Dans les cabinets de curiosités, les collections peuvent s'organiser en 4 catégories (nommées en latin) :
- artificialia, qui regroupe les objets créés ou modifiés par l'Homme (antiquités, œuvres d'art) ;
- naturalia, qui regroupe les créatures et objets naturels (avec un intérêt particulier pour les monstres) ;
- exotica, qui regroupe les plantes et animaux exotiques ;
- scientifica, qui regroupe les instruments scientifiques.
D’abord désordonnées aux XVIe et XVIIe siècles, les collections se rationalisent au XVIIIe sous l’influence des Lumières.
Le déclin du cabinet de curiosités s’amorce durant le XIXe siècle. Il est remplacé par des institutions officielles. Ces cabinets ont néanmoins joué un grand rôle dans le développement de certaines disciplines scientifiques comme l'entomologie (étude des insectes) ou la conchyliologie (étude des coquillages).
On assiste cependant, depuis quelques années, à une réactualisation du cabinet de curiosités, source d’inspiration inépuisable et lieu d’exposition étrange pour de nombreux créateurs et artistes contemporains. Ainsi, colloques, livres et expositions se succèdent un peu partout en France, provoquant un curieux engouement.

Le cabinet d’Ole Worm / 1655, gravure anonyme, Bibliothèque Estense, Modène

Cabinet d’un particulier / 1625, Frans II Francken, Kunsthistorisches Museum, Vienne
Découvrir les animaux et objets présentés :
Monde volant
Monde terrestre
Monde aquatique
Monde des arthropodes
Instruments scientifiques
Les planches de Robien
Pour aller plus loin
Structures ayant participé au projet :
Collections d'objets d'art du Musée des Beaux-Arts de Rennes
Collections du Musée de l'Université de Rennes 1
Association Amelycor du Lycée Emile Zola
Sitographie :
Cabinets de curiosités
www.kunstkammer.at (site en allemand)
Bibliographie : en accès direct et sur le pôle Patrimoine à la Bibliothèque
Curiosité et cabinets de curiosités, Pierre Martin
Le cabinet des curiosités naturelles : Locupletissimi rerum naturalium thesauri : 1734-1765, Albertus Seba
Cabinets de curiosités, Patrick Mauriès
Collecteurs d'âmes : du cabinet de curiosités aux collections extra-européennes des musées bretons, Musée des beaux-arts de Rennes
Catalogue raisonné des diverses curiosités du cabinet de M. Quentin de Lorangere, Edme-François Gersaint
Les nouveaux cabinets de curiosités, Emmanuel Pierrat
Glossaire
- Canopée : partie supérieure de la forêt, au sommet des arbres. Elle représente un écosystème à part entière.
- Chilopodes : communément appelés « Mille-pattes ».
- Conchyliologie : étude des coquillages.
- Entomologie : étude des insectes.
- Fugu : poisson connu pour provoquer de très graves intoxications à la tétrodotoxine. Au Japon, il faut disposer d’une licence délivrée par l’État pour pouvoir le cuisiner. C’est un plat considéré comme très raffiné.
- Ichtyologie : étude des poissons.
- Minéralogie : études des roches.
- Ornithologie : étude des oiseaux.
Photos : Gaëlle Richard